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Les humeurs de Violette
Les humeurs de Violette
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Good Time

Good Time

 

L'ouverture nous laisse sans souffle. Les scènes nous mettent à mal et s'enchaînent de plus en plus vite, le montage accentue cette accélération, la lumière, les sons, la (géniale) musique nous agressent, on manque d'air.

Le ton est donné.

Nerveux.
Electrique.
Déjanté.
Et en cela jubilatoire.

Le scénario, complètement dément, comporte des répliques et rebondissements aussi insensés que jouissifs, qui ne sont pas sans rappeler d'autres frères du cinéma (mais rapporter le talent des Safdie à celui des Coen serait injuste et réducteur).
Les personnages déjantés sont plus vrais que nature: Robert Pattinson, évidemment (qu'il est loin le playboy Dior), plus que perturbant en petite frappe manipulatrice, doucereuse et inquiétante; Jennifer Jason Leigh, vieille petite fille riche et fêlée qui nous retourne au premier regard; Buddy Duress, gueule cassée de looser pathétique (mais tellement drôle); jusqu'à l'éducateur de Nick qui ouvre le film et donne le ton de cette galerie d'iconoclastes.
Les décors (Adventureland en tête, jusqu'au moindre fast-food) sont terriblement bien choisis, tout comme les costumes.

Au milieu de cette course folle, quand on peut reprendre son souffle, quand on ne rit pas (car on rit beaucoup devant Good Time, et heureusement d'ailleurs, sinon on s'effondrerait de tant de noirceur), le désespoir, la misère affleurent, au détour d'une chambre d'hôpital où une vieille dame se meurt, dans le salon d'une maison miteuse où une femme pas si vieille mais édentée, abimée prend ses somnifères quotidiens, à la porte de ceux qu'on n'hésite pas à réveiller en pleine nuit, lampe de poche braquée en pleine face.

Mais le sprint reprend, et les frères Safdie (comme nous) prennent un malin plaisir à faire détaler Connie dans un New-York qu'on ne voit pas souvent. La photo, étouffante et contrastée comme dans un jeu vidéo (superbes scènes à Adventureland ou encore dans cette chambre du Queens éclairée à la seule lueur d'un écran de télé neigeux) et la mise en scène pleine de génie exacerbent le sursis de Connie: il s'essouffle dans une course perdue d'avance. Quand on le voit courir d'en haut au milieu de rampes bétonnées, comme une balle de flipper, on sait que tout est perdu (très belle scène à la fin du film).

Faux polar, vrai film noir.
Jubilatoire.