Tout n'est donc pas pourri au royaume de Danemark

26 Mars 2019

La semaine dernière deux évènements m'ont donné envie à nouveau d'écrire ici.

Il y a eu ce soir où je rentrais chez moi, sagement, à minuit. L'envie de retrouver mon lit me faisait presser le pas, et puis... Et puis j'ai entendu ces pas derrière moi, et cette peur (trop) familière que nous connaissons toutes m'a retrouvée. Essayer de voir sans se retourner, accélérer, attraper ses clés et les serrer dans son poing, autant de réflexes qui reviennent instantanément et qui ne m'avaient pas manqué. Le coeur qui bat et la colère.
Sauf que voilà, celui qui marchait derrière moi s'est excusé. Il marchait à la même allure que moi, il ne voulait pas me faire, il en était désolé si c'était le cas, et bonne soirée!
Je ne crois pas qu'avant #MeToo une telle scène ait pu avoir lieu.

Et puis mercredi dernier, jour des Glorieuses.
Depuis quelques temps, sans que je me l'explique, je me sens moins concernée (à tort, on est d'accord), ce qui me culpabilise lentement mais sûrement. Je n'ai pas en ce moment la force des combats, ça me questionne, ça m'embarrasse; je n'aime pas cet état. Et voilà que le titre de la newsletter est cette semaine: "Les femmes ont-elles le droit de juste vivre leur vie ?" ou un plaidoyer pour le droit à la normalité, voire à la médiocrité. Le droit de "se lever avec l’envie de rester au lit", le droit de ne pas manifester ni aller au yoga, le droit de n'avoir envie de rien. Le droit d'envoyer balader les injonctions.
Cela faisait bien longtemps qu'une lecture ne m'avait pas fait autant de bien - preuve supplémentaire (s'il en fallait une) du pouvoir toxique des injonctions.

Dans ce monde qui est le nôtre aujourd'hui, où il est tentant de tout voir en noir, moi la (plus que) première, dans ce monde où souvent tout semble anxiogène, paralysant, chaque lueur, si triviale soit-elle, mérite notre attention.

La preuve que tout n'est pas pourri au royaume de Danemark.