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Les humeurs de Violette
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Depuis mon lit,

Depuis mon lit,

the cell by naoko tori-d35sd0x largebéni, puis haï, à nouveau béni, pour être haï à nouveau, finalement chéri,

(pas bien sur le dos, pas bien sur le ventre)

(j'veux dormir, j'veux respirer, j'veux arrêter de tousser)

(ni avec toi ni sans toi...)

 

depuis mon lit malmené donc, j'ai réalisé...

 

... que le fantasme (malsain, sans aucun doute) de la maladie qui m'a poursuivie toute mon enfance n'avait rien, mais alors vraiment rien de sexy;

(quand j'étais petite, j'adorais jouer à la mourrante crachant ses poumons, un linge humide sur le front, révélant des aveux terribles d'une petite voix faiblarde - "C'est moi qui ai tué John Duchesne il y a quinze ans", ou les soirs plus sentimentaux "Dis à John que je ne l'ai jamais oublié", voire même "La solution réside dans la clé" les soirs de grand mysticisme)

(allez savoir pourquoi...)

(en vrai, cracher ses poumons est juste douloureux, le gant humide finit souvent par mouiller l'oreiller et à part "j'ai mal/j'ai sommeil/j'en ai marre" je n'ai pas trouvé de tirade plus inspirée)

 

... qu'un chat, ça dormait quand même beaucoup;

(vraiment beaucoup)

(le nombre d'heures de sommeil est-il proportionnel au nombre de poils perdus chaque jour?)

(la fièvre provoque chez moi des questionnements non seulement très sérieux mais utiles, voire même indispensables, à l'élévation de nos débats de société)

 

... que ma babouche droite était moins blanche que la gauche;

(mon pied droit serait-il plus sale que le gauche?)

(faisant fi de théories et croyances millénaires selon lesquels le côté gauche est impur)

(cela mérite débat, me semble-t-il)

 

... que si Ryan sonnait à la porte, je serais obligée de faire la morte, ou de l'envoyer paître;

(même si cela devait me déchirer le coeur)

(encore une fois la fièvre a fait son petit effet)

(sans blague)

 

... que la maladie saisonnière engendrait souvent une totale régression; 

(envie de regarder de vieux Walt Disney)

(envie de se faire dorloter)

(j'ai fini par lire "Tu ne dors pas, petit ours" donc bon... ahem...)

 

... que l'aventure extrême n'était pas si loin: se laver, se nourrir, se soigner; autant d'actes a priori banals qui prennent alors des allures d'expédition de survie;

(d'où des calculs pour rentabiliser au mieux ses mouvements, économiser son énergie...)

(sans parler de la force mentale)

(je suis prête pour Quantico)

 

... que manger de la soupe à chaque repas ne rendait pas forcément aimable;

(par contre, la guérison, oui, bizarrement)

 

... qu'un petit horoscope n'aurait pas été de refus;

("un début de semaine flamboyant")

(hahahaha)


ne serait-ce que pour m'aider à le quitter maintenant, ce lit chéri,

d'où je voyageais en Polynésie avec Melville cet après-midi,

d'où je comptais les étoiles de mon plafond,

d'où je voyais le ciel si bleu dehors, sans me sentir vraiment concernée...