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Les humeurs de Violette
Les humeurs de Violette
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Le train

Le train

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Marcel est un homme sans histoires, bercé par une routine qui l'entoure comme un cocon. Son café du matin, son petit commerce de radios, sa vie de famille, tout cela le conforte dans une immobilité tranquille et confortable.

Et puis un matin éclate la nouvelle: les allemands envahissent la Belgique. Il est temps de se décider, de sortir de la torpeur de la drôle de guerre. Faut-il partir ou rester?
Marcel décide de partir, et en prenant cette décision a le sentiment (plus qu'un pressentiment, tant cela lui parait certain) qu'une nouvelle ère s'ouvre à lui: "Je n'étais plus accroché à ma maison, à mes habitudes. Je venais de faire, d'un instant à l'autre, comme un bond dans l'espace."

A partir de cette décision, il se désolidarise peu à peu des siens, ce qu'accentuera sa position dans le train, comme une prémonition de ce qui va suivre.
Dans le train les groupes se définissent non par affinités mais par l'appartenance à tel ou tel wagon. Dans le train dont les détours et l'incertitude quant à sa destination finale forcent les individus à une promiscuité inhabituelle, les conventions s'effacent peu à peu pour laisser place à des rapports plus informels. Ce qui choque au début n'est même plus remarqué à la fin.

Cette débâcle va confirmer le sentiment premier de Marcel.
Libéré de ses attaches, de son passé, libéré de ses angoisses, il va se frotter à la vie. L'amour charnel, l'amour brut, la découverte de la mer, toutes ces sensations nouvelles pour Marcel le grisent, et le lecteur avec - en dépit de tout le reste (l'exode, sa famille...).
Comme une parenthèse enchantée, où tout le reste serait suspendu pendant un moment.

Son bonheur contraste avec la gravité des événements, comme s'il s'autorisait à profiter de la cohue pour se mettre à vivre. A circonstances exceptionnelles expériences exceptionnelles... Les choses rentreront dans l'ordre bien assez vite, d'autant plus que cette liberté éphémère est condamnée par l'arrivée imminente des allemands.

C'est un texte étrange et beau, à la sensualité râpeuse et dérangeante. Marcel fascine par sa banalité, banalité qui en devient presque exceptionnelle - elle a le goût des premières fois.