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Les humeurs de Violette
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Première lecture commune: Manon Lescaut

Première lecture commune: Manon Lescaut

51e7K4rBb9L. SL500 AA300D'abord, l'impression de revenir dix ans en arrière.

La faute à cette collection Flammarion (aux notes terriblement ennuyeuses, soit dit en passant), la même que Micromégas de Voltaire que j'avais au lycée.

Inutile de développer les souvenirs douloureux liés à cette lecture.

Incompréhension, colère...

Mais comment réussirai-je jamais à avoir ce foutu bac de français?

...

Bien des cheveux arrachés et des brouillons froissés dans la corbeille plus tard: mais pourquoi ai-je voulu aller en section littéraire?

Ce que j'ignorais alors, c'est qu'en Terminale mes symptômes décupleraient avec la philosophie...

La morale savoureuse de cette histoire, c'est qu'après toutes ces péripéties, j'ai quand même présenté un dossier pour Hypokhâgne... mon masochisme ne date pas d'hier, prenons-en bonne note.

 

Suite à cette amère madeleine, ce n'est donc pas en totale confiance que j'ai commencé la lecture de Manon Lescaut.

J'ai bien essayé de ne pas me laisser abattre, en dépit de tournures à n'en plus finir, et d'un style trop ampoulé à mon goût (en même temps il s'agit ici de littérature du XVIIIème hein, on est pas là pour rigoler)

Mais dès le début j'ai commencé à souffrir.

Souffrance qui ne m'a quittée que lorsque j'ai lu "Fin de la deuxième partie".

Si j'ai réussi tant bien que mal à faire abstraction du style (plutôt mal que bien je l'avoue), j'ai su dès le départ que rien ne se passerait comme le pauvre Chevalier l'avait prévu, et cela m'a rendue malade dès les premières pages (il faut savoir que j'ai les quiproquos en horreur, les malentendus me rendent malades et je ne suis soulagée que lorsque tout est résolu).

Si je n'ai pas trouvé Des Grieux complètement stupide (la passion nous rend tous masochistes et bêtement obstinés), je n'ai absolument pas compris ce qu'il trouvait à sa Manon, créature non-palpable et incompréhensible. Elle n'existe tout bonnement pas, et leur histoire d'amour non plus.

Comment Des Grieux a-t-il pu croire un seul instant qu'elle était amoureuse de lui? On peut s'acharner à conquérir l'autre jusqu'à en oublier sa fierté, mais même alors, on sait si l'on est aimé en retour, surtout si ce n'est pas le cas.

Je me suis donc retrouvée dans la peau de ce pauvre Tiberge (ne nous emballons pas, je ne compte pas renoncer à tous les vices et à rentrer dans les ordres: déjà je ne suis pas la cadette, et j'aime le(s) vice(s)), espérant que ce cher Chevalier (oui cher, car je m'y suis un peu attachée finalement) retrouverait le chemin de la vertu, tout en sachant bien que cela n'arriverait jamais.

Et j'étais malade en pensant aux torts causés au nom d'une soi-disant passion, anticipant les drames à venir (un vrai miracle, soi dit en passant que Manon ne soit pas en sus tombée enceinte...).

Je passerai sur les invraisemblances et la misogynie diffuse - il n'y a aucun autre personnage féminin pour rattraper l'image que Des Grieux (et Prévost lui-même?) se fait des femmes.

 

Mais je suis très contente de l'avoir lu quand même!

(comme ça je pourrais toujours faire semblant d'avoir fait hypokhâgne)

 

***

 

J'ajoute juste quelques mots suite à la réunion de Janvier du Club des Lectrices.

C'est la première fois que nous échangions autour d'une lecture commune, et il est vraiment intéressant de percevoir la sensibilité de chacune au travers de sa perception du roman, de découvrir la vision des autres.

D'où l'intérêt de partager ses lectures, découvrir d'autres points de vue, d'autres sensibilités; c'est vraiment enrichissant et passionnant!

Et a donné naissance à une irrésistible envie de dévaliser les librairies...