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Les humeurs de Violette
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L'année de la pensée magique

L'année de la pensée magique

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Le 30 décembre 2003, après avoir passé l'après-midi au chevet de leur fille unique hospitalisée en soins intensifs depuis cinq jours, Joan Didion et son mari s'apprêtent à dîner lorsque ce dernier meurt subitement d'une crise cardiaque.

Face à un tel acharnement du sort, on pourrait s'attendre à des débordements inévitables; il n'en est rien. L'année de la pensée magique, récit de cette année si particulière, ne fait preuve d'aucun apitoiement ni d'aucune complaisance.

Des débuts où l'absence de l'autre s'impose violemment au moment où le deuil commence vraiment, Joan Didion décortique son comportement, ses pensées, essaie de les comprendre, de les identifier, cherche des pistes dans des essais scientifiques, fait marche arrière dans ses souvenirs, fait l'apprentissage de la solitude, se pousse à ne pas passer " le reste de [sa] vie à être un cas particulier, une invitée, quelqu'un qui ne peut pas fonctionner toute seule." Tout passe au crible de sa plume: les pensées irrationnelles - "Je ne pouvais pas donner le reste de ses chaussures [...] il aurait besoin de ses chaussures, s'il revenait" -, les souvenirs qu'elle n'embellit pas, les regrets, la survie et ses tactiques, le temps que met "la réalité de la mort" à "pénétrer la conscience", la prise de conscience aiguëe que "la vie change vite."

Ce texte est si dépouillé qu'il n'en est que plus fort, et l'absence d'aucun sentimentalisme accroît l'écho qu'il trouvera forcément en chacun de nous.

"La vie change dans l'instant.

On s'apprête à dîner et la vie telle qu'on la connaît s'arrête."