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Les humeurs de Violette
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Le lit défait

Le lit défait

(ou ma troisième participation au challenge Sagan)

 

Rafraîchissons-nous la mémoire...

 

Mes dernières lectures saganesques m'avaient enchantée, et je n'avais qu'une envie: continuer.

 

Ayant une demi-heure à tuer un soir vers St Michel, je suis allée faire un tour chez Gibert (moi qui n'y avais jamais mis les pieds auparavant) (je sais bien que c'est une honte, mais c'est comme ça) (pour ma défense, le quartier latin n'est pas vraiment mon quartier préféré), et commençais à chercher à la lettre S (tentant ainsi de limiter toute autre tentation) (et d'essayer de vider mes piles avant tout autre achat) (exception faite pour Sagan, ils ont beau dos les challenges!).

Je n'avais le choix qu'entre deux ouvrages, et la quatrième de couverture (encore elle!) m'a poussée à choisir Le lit défait.

 

Comme d'habitude, je suis entrée dans l'histoire dès les premières lignes, retrouvant avec plaisir l'écriture fluide et précise de Sagan qui m'avait séduite. Et me retrouvant au lit avec Edouard et Béatrice, qui se retrouvent après cinq années; interminables pour lui, qu'elle n'a pas vu passer; constat qui dès le départ déséquilibre leur passion.

A l'inverse de mes précédentes lectures, ce ne fut pas une lecture facile.

 

Déséquilibre amoureux, va et vient des sentiments, impossible compréhension entre les deux amants... Edouard et Béatrice ne sont jamais à égalité, se comprennent mal, interprètent de travers les gestes et paroles de l'autre, même (surtout) lorsque ce dernier agissait sans aucunre arrière-pensée.

Et ce tout au long du livre. Même lorsque Béatrice comprend qu'elle est vraiment amoureuse d'Edouard, ils se connaissent toujours aussi mal.

 

Alors, c'est vrai que ce livre m'a paru un peu long, peut-être parce qu'Edouard m'a agacée en amoureux transi acceptant toutes les humiliations sans broncher, que la personnalité de Béatrice a été longue à déchiffrer, parce qu'enfin aucun personnage ne m'était entièrement sympathique.

 

Mais Sagan décrit tellement bien ce constat désespéré de toute histoire sentimentale, ces malentendus quotidiens inéluctables, dont l'accumulation a des conséquences disproportionnées, que je nesaurais qque trop recommander cette lecture. Ses mots sont si justes, si vrais qu'on croirait que ce sont de ses propres sentiments qu'il s'agit - difficile également de ne pas penser à elle au-delà du personnage de Jolyet (accro à la morphine sur son lit de mort).

 

Pour l'optimisme on repassera donc.

Car si même les deux héros ne cessent de se retrouver, le constat de l'écart entre leurs corps si proches et leurs âmes si éloignées est tellement qu'on sait leur histoire en sursis, condamnée d'avance.

(qui a dit que Sagan, c'était les bisounours pour adulte?)

 

 

Au-delà de ce constat d'une acuité effrayante (preuve pour moi d'une lucidité féminine peu commune), Sagan sait comme personne restituer le lourd climat d'un lit défait. 

 

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